Je vous dispense d'une longue introduction tant je m'étale ensuite. Je précise que si la parution avait été en français je vous aurai simplement invité à ouvrir le magazine ... mes contacts polonais étant restreints voilà ce qui s'est dit:
(FR/UK)
1.Please tell us more about your background. For how long you’re involved in tattoo scene? What made you go this way? What was the most powerful factor when you start to tattoo?
1.
Je suis issu d’une famille modeste et je suis le fruit d’une éducation à la fois rigide et libre, pour cause, la confiance est un point fort de mon éducation. Comme beaucoup de personnes, je dessine depuis mon enfance et j’ai fait les Beaux Arts sans savoir ce qui m’attendait ou ce que je voulais faire par la suite. Là-bas, j’ai plus appris à comprendre et conceptualiser les choses qu’à développer une technique particulière … cette frustration m’a poussé à essayer les choses dans mon coin, en apprenant à tout remettre en question. J’ai ensuite commencé à travailler dans le graphisme mais très vite j’ai compris que le tatouage était un monde plus libre. Il est simple de comprendre que pour plaire à une personne on peut se permettre d’avoir plus de personnalité que pour plaire à 100 000 clients avec un seul “produit”. Pour la suite, je suis un autodidacte et ma plus grande chance quand j’ai débuté dans le tatouage, c’est qu’il ne soit jamais rien arrivé de regrettable à mes “cobayes”.
J’ai donc une machine entre les mains depuis six ans. J’ai commencé à l’utiliser en magasin, il y a quatre ans et depuis un an, je l’utilise en toute liberté.
1.
I come from a humble background and was raised both strictly and freely, with a focus on trust. Just like many people, I started drawing when I was a child, and I went to art school without really knowing what to expect or what I really wanted to do afterwards. I learnt to understand and conceptualize things, but not to grow specific technical skills, which was frustrating. That’s why I started experimenting on my own, learning to question everything. After that, I began to work as a graphic designer, but I realized soon enough that there was much more freedom in the tattooing field. It’s quite obvious that if you want to appeal to only one person, you can express your personality much more than if you need to appeal to 100,000 customers with a single “product”. As for my beginnings, I’m self-taught and I feel quite lucky that nothing dangerous ever happened to my first “guinea pigs”.
I’ve had a tattoo machine in my hands for 6 years; I started using it in a shop 4 years ago and I moved to my own private studio just one year ago.
2. Do you feel more as an illustrator or tattoo artist? Which of these areas more absorb you? What other fields of art interest you?
2.
Je me sens illustrateur avant tout, même si je gagne principalement ma vie avec le tatouage. Je suis dans une forme de narration où je cherche vraiment à retranscrire les histoires ou les émotions des gens avec des codes qui me sont propres.
J’illustre des propos en m’accordant avec les formes et les goûts de ma feuille.
De plus je ne connais pas vraiment la definition de “artiste tatoueur”. Le mot Artiste seul est un mystère pour moi. Je me sens plus comme un artisan ayant développé un language très personnel en quête de discours à interpréter.
A l’avenir j’aimerais aussi être un peu plus interprète de mes histoires, je fais au quotidien un travail d’introspection, de conscience de soi et j’aimerai le communiquer aux gens qui veulent bien “l’entendre”.
J’apprécie la photographie et l'audiovisuel , mais je suis sensible à toutes formes d’art si les intentions sont fortes, personnelles et honnêtes .
2.
I feel as an illustrator above all, even if tattoos are my main source of income. I really try to convey people’s stories or feelings through my own narrative codes, drawing according to the shapes and tastes of my “sheet”.
Plus I don’t really know what a “tattoo artist” is. The word “artist” itself is a mystery for me. I feel more like a craftsman with a very personal language, searching for views to express.
In the future, I’d also like to express more of my own stories: I’m working daily on introspection and self-awareness, and I’d like to communicate this to people ready to “hear” it.
I like photography and video, but I can be touched by any form of art as long as the work is strong, personal and genuine.
3. Why you don’t like the colors? Tell us about your romance with the black. Why did you chose them?
3.
Je n’ai jamais dit que je n’aimais pas la couleur ! Je ne fais plus de couleurs par choix. La quête de puissance graphique de lisibilité et de cynisme m’a naturellement guidé ici. Peu importe la façon de communiquer je pense qu’il faut travailler sur “l’unicité dans la diversité”. Comme en photographie, la couleur donne des informations de températures qui peuvent influencer la lecture d’une image. En noir et blanc, la forme, la contreforme, l’ombre et la lumière sont valorisées. Il y a un côté minimaliste à tout ça qui me plaît dans la mesure où le plus petit détail sera aussi visible qu’un contour épais. Et puis il faut avouer que le noir ça passe bien avec tout!
3.
I never said that I don’t like colors! I just chose not to use them anymore. My search for graphic power, readability and cynicism naturally led me to this choice. No matter the way one communicates, I think one needs to work on “unity in diversity”. Just like in photography, colors give temperature information that can influence the way you read an image. Black and white enhance shape, counter, shadow and light. There’s a minimalistic side in this that I really like, as the smallest of details will be as visible as a thick outline. And, well, black is the new black! It suits everything.
4. How would you describe your style? What kind of motives do you especially like? What effects you want to achieve in your works? Which aspects are the most important for you?
4.
Ce n’est pas à moi de décrire mon travail (c’est votre travail de journaliste ça! lol). Mon style se rapproche simplement de ma personnalité.
Même si j’aime piocher dans le cinéma je n’ai pas de restriction de thématique. Du moment où l’on me laisse interpréter un projet, c’est l’intention et les motivations qui comptent. Ceci dit je ne me lancerai pas dans des domaines qui me rebutent completement comme certaines politiques, le porno et le foot.Ce qui m’importe le plus c’est d’être honnête envers moi-même et donc les gens qui me choisissent. Je travaille pour ne pas avoir l’impression de travailler quand je fais “de l’illustration” .
Techniquement j’essaye de penser à la solidité et lisibilité graphique de mes réalisations pour que l'impact traverse le temps. Je veux maîtriser/assumer mes choix graphiques. Bizarrement je provoque l’accident graphique sans jamais vouloir le subir. Mon objectif le plus intéressant est sûrement de rentrer dans la vie des gens et d’en sortir un détail personnel à mettre en lumière sans en livrer l’histoire; quitte à créer de l’ambiguïté pour brouiller les pistes.
4.
I can’t really describe my work (it’s not my job, it’s that of journalists like you! ;) ). My style just fits my personality.
Even if I like to pick themes from movies, I don’t have any thematic restrictions. As long as people let me interpret their project, what matters is intent and motivations. But I don’t think I would get into fields that I really dislike such as politics, porn and soccer.
What matters the most to me is to be true to myself and to people who choose me. I work so that when I’m “just drawing”, it doesn’t feel like work.
Technically speaking, I try to ensure my works’ solidity and graphic readability so that time doesn’t affect their impact. I want to master and assume my graphic choices. Strangely enough, I cause “graphic accidents” but I never want to be forced to cope with them. My most interesting goal is probably to get into people’s lives and find a personal detail that I can highlight without uncovering its story, even if it means creating some ambiguity.
5. Please describe your shop, workmates.
5.
Je “travaille” tout seul en atelier privé, dans ma maison. Pour la description, je dirais que c’est grand pour une personne et à voir! Tout avoir au même endroit me permet d’humaniser mon activité … toujours dans cette quête de ne pas avoir l’impression de travailler. Je ne fais plus de dissociation maintenant. De plus ça me permet de voir mon petit garçon grandir.
5.
I “work” on my own, in my private studio, at home. I’d describe it as quite big for one person, and a place that needs to be seen! Having everything in one place allows me to make my activity more human… that’s also a part of my quest to feel like I’m not working. There isn’t any real separation anymore. And this way, I can see my young son grow up.
6. Tell us a bit about place where you live and about approach to tattoos in your country? What kind of tattoos are popular in France, which French tattoo artists do you admire?
6.
Je vis dans le centre de la france à Clermont-Ferrand. C’est une grande ville étudiante active au milieu d’une région “rurale”. Contrairement à ce que pense le reste de la france, c’est une ville qui est très riche culturellement parlant. Je mets autant de temps pour aller en centre ville que pour aller courir dans les bois. Et au passage on y mange très bien même si l’on est végétarien!
En france le tatouage le plus présent serait le maori ( il y a une grosse culture du Rugby à Clermont-ferrand) mais il y a une montée en puissance du tatouage réaliste ces dernières années.
Quand on me parle de tatouage français je mets tout de suite 3 références en lumière: Yann Black, Jean-Luc Navette et l’Andro Gynette. Ce sont des gens qui transpirent leur sensibilité et leur façon de penser dans leur réalisations. Ça va au delà du tatouage porté avec ces personnes. L’impact graphique est à la hauteur du discours avec eux.
6.
I live in central France, in Clermont-Ferrand. It’s a big lively city with lots of students, in a rural region. Contrary to its reputation in the rest of France, the cultural life is really rich here. It takes me the same time to get downtown or to go running in the woods. And vegetarians can eat really well here as well!
In France, Maori tribal tattoos are really popular (rugby culture is really strong in Clermont-Ferrand), but realistic tattoos are on the rise lately.
I have 3 main references when speaking about French tattoo artists: Yann Black, Jean-Luc Navette and l’Andro Gynette. Their sensitivity, the very way they think is visible in their work. With them, it’s beyond a mere tattoo, the graphic impact is up to the reasoning.
7. Tell us something about yourself that will allow us to know you better? (character traits, what do you like (outside tattoos) etc.)
7.
J’essaye d’être une bonne personne à mon échelle et d’ouvrir les yeux sur la chance que j’ai. Pour le reste il faudrait simplement se rencontrer…j’aime apprendre, découvrir et remettre en question; j’aime la vie, j’aime rêver et philosopher et pour être honnête à un moment ou un autre, tout rebondit sur le dessin ou le tatouage.
7.
I try to be a good person, on my small scale, and to be conscious of how lucky I am. To know more about me, you should actually meet me… I like to learn, discover and question; I love life, I like to dream and think, and to be honest, it always ends up being about drawing or tattooing.
8. What do you know about Poland? Do you know polish tattoo artist?
8.
Soyons francs, Wikipedia est mon ami :) . Je connais la Pologne uniquement de réputation pour sa culture graphique et son Tatoofest. On me rapporte le côté convivial d’une grande convention. Pour le coup j’ai fouillé et le travail de Musca Imago a retenu mon attention autant pour ses tatouages que ses illustrations.
...Tatouer en Pologne, pourquoi pas !
8.Frankly, Wikipedia is my friend on this one. J All I know about Poland is its good reputation in graphic culture and its Tattoofest. I heard about the conviviality of a big convention. I did some research and Musca Imago’s work (both tattoos and illustrations) really held my attention.
… I may come and tattoo in Poland one day, why not?
9.How do you see your future? What changes in your tattoos?
9.
Je ne vois pas mon futur, je préfère garder la surprise. J’humanise mon activité au maximum et je profite de ma vie au quotidien. J’ai envie de contribuer au paysage du tatouage à ma façon et autrement qu’en restant derrière mes aiguilles ou mon nom; ma chaine Youtube en témoignera peut être...
Je pense continuer de me poser un tas de questions.Je vous remercie d’avoir posé les yeux sur mon travail et de m’avoir posé ces questions, j’espère pouvoir venir dans l’Est maintenant.
9.
I don’t see my future, I prefer to keep it as a surprise. I make my activity as human as I can and I enjoy life day after day. I’d like to contribute to the tattoo world on my own way, and not only with my needles or my name, it may happen on my YouTube channel...
I think I’ll keep wondering about lots of stuff.
Merci à Nadège Gayon Debonnet pour la traduction!
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